Dans le cadre du schéma directeur du château de Versailles mis en place en 2003, les travaux du corps central sud - nouveaux réseaux de chauffage et traitement de l’air - commenceront début 2016 après une année 2015 consacrée au chantier de la centrale de traitement sous la terrasse du midi. Toute l’aile de la Reine sur quatre niveaux est impactée. Les espaces ont été progressivement fermés au public, les collections redéployées. Il s’agit d’un enjeu majeur de l’établissement tant au niveau de la modernisation de ses infrastructures que de sa responsabilité sur l’enveloppe architecturale et les collections ou encore en matière de communication vis-à-vis du public.

Ce chantier nécessite certaines modifications architecturales validées en commission nationale des monuments historiques et des interventions dans le bâti. La conservation, soucieuse de l’impact de ces travaux, en particulier sur les grands décors et les œuvres non transportables, a commandé des études de conservation préventive qui ont permis de définir des protocoles de mise en œuvre de protection (constats, couverture photographique, micro-aspiration, protection des tentures murales ou des peintures et décors in situ…).

Ainsi l’EPV - Conservation et Direction du patrimoine et des Jardins -, le cabinet de Frédéric Didier, architecte en chef des Monuments historiques en charge du château et l’OPPIC, ont uni leurs efforts pour surveiller le chantier aussi bien en matière de vibrations que de contrôle climatique grâce à un protocole de suivi des travaux proposé par la conservation impliquant tous les intervenants avec analyse et échange des données , définition de seuils d’alerte et établissement de procédures, action qui bénéficie du soutien d’un programme européen (Versailles, Turin, Wilanów) de recherche sur la conservation préventive des collections des demeures historiques et châteaux musées : méthodologie et application qui développe des outils novateurs d’analyse dans ces domaines.

Par ailleurs la Conservation s’est trouvé confrontée à un grand chantier de redéploiement des collections soit en interne - avec un souci de pertinence scientifique et une écoute de l’attente du public, notamment étranger qui ne peut être privé de la découverte d’œuvres phares - soit vers des réserves externalisées. La libération de chacun des espaces – Dauphin-Dauphine pour septembre, des Petits appartements de la Reine sur deux niveaux pour octobre, de l’Attique Chimay pour novembre et enfin du Grand Appartement de la Reine pour février – est l’occasion à la faveur des constats avant transport d’établir un bilan sanitaire des collections, instrument de veille sur leurs évolutions et de programmation en matière de restaurations. L’intégration de ces données de conservation sur TMS, la base des collections du château, repose sur le développement d’une nouvelle interface informatique, intégrant des indicateurs objectifs et permettant des interrogations dynamiques.

C’est cette mise en œuvre pluridisciplinaire de professionnels – conservateurs, architectes, régisseurs, restaurateurs internes et externes à l’établissement - qui est l’enjeu de ce chantier sans précédent dans un esprit d’échange et de veille pour la préservation de l’un des monuments phares du patrimoine national et de ses collections insignes.

Interventions de Yves Carlier, conservateur général, Élisabeth Caude, conservatrice générale, Béatrice Sarrazin, conservatrice générale, Danilo Forleo, régisseur, chargé de la conservation préventive, et Noémie Wansart, collaboratrice scientifique, enregistrées le 29 janvier 2016 dans le cadre du colloque « Mobiliers, ensembles, décors. Conserver, restaurer, faire vivre ».