Intervention de Dominique DUCHÉ, directeur de l’aquarium tropical du Palais de la Porte dorée

L’activité de l’Aquarium tropical de la Porte dorée, comme pour tous les établissements de ce type, est encadrée par une réglementation nationale parmi les plus strictes d’Europe, soucieuse du bien-être animal. L’ « œuvre » vivante exposée au public nécessite l’encadrement permanent d’un capacitaire, tel que Dominique Duché pour les poissons, ainsi que d’une autorisation préfectorale d’ouverture de l’établissement. Les champs d’expertises déployés sont exigeants et très larges, soucieux de tous les aspects de la vie de l’animal, des modalités de sa présentation jusqu’à son décès, et de la valorisation scientifique.

L’association des élèves-conservateurs de l’Institut national du patrimoine organise sa première journée d’études : huit communications et une table ronde permettront de débattre sur la place de l’animal vivant dans les institutions patrimoniales aujourd’hui.

Si les animaux habitent l’imaginaire des hommes, ils peuplent également leurs musées, éco-musées et monuments historiques, tantôt considérés comme des créatures « nuisibles », tantôt valorisés comme objets de collection ou supports de création artistique. Tandis que les trophées de chasse, momies et autres spécimens naturalisés ont suscité des études variées, aussi bien du point de vue de la conservation préventive que de la muséologie ou de l’anthropologie, la présence d’animaux vivants dans le cadre de lieux patrimoniaux a souvent été approchée sous l’angle unique de la nuisance, et ce au détriment d'une analyse plus vaste de leur cohabitation avec les visiteurs et les professionnels du patrimoine.
Se posent alors de nombreuses questions pratiques, éthiques et philosophiques.
Quelle est la place de l’animal vivant dans ce contexte et son rôle dans l’évolution des politiques culturelles ? Comment les pratiques professionnelles de conservation et d’exposition intègrent-elles sa présence, voire en tirent profit ?
Ces questionnements invitent à envisager de nouvelles formes d’interactions avec l’animal. En dépassant le simple rapport d’éradication ou de valorisation touristique et génétique, il s’agira de s’intéresser à la relation quasi symbiotique qui lie l’homme à l’animal au sein d’espaces patrimoniaux perçus comme autant d’écosystèmes vivants.