Introduction du séminaire "Décoloniser le patrimoine. Critical heritage studies. Épistémologies, réception et actualité (Europe, Asie, Monde)"

Ce séminaire proposé le 9 mars 2020, s’inscrit dans le cadre de la collaboration entre l’INP, l’Ecole du Louvre et l’EHESS.

Après avoir dessiné le panorama des études critiques sur le patrimoine dans le domaine francophone et anglophone, en traitant soit de la diversité des traditions épistémologiques qui innervent ce champ de recherche, soit en explorant une grande partie des thématiques qui le façonnent aujourd'hui, le séminaire de l’EHESS, Critical heritage studies. Épistémologies, réception et actualité (Europe, Asie, Monde) s'est donné pour tâche de mettre en perspective une série d'actions et de programmes patrimoniaux dont les enjeux, les objets et les motivations résident dans un renversement des logiques sociales, culturelles et morales qui traversent les structures institutionnelles du patrimoine et les collectifs d'acteurs mobilisés autour des causes patrimoniales contemporaines.

Ces mouvements de renversement ne sont pas une nouveauté dans le champ des études du patrimoine et ils rencontrent parfois des résistances politiques et économiques tenaces. Mais leur confrontation et leur proximité avec des enjeux sociaux, environnementaux et moraux majeurs leur donnent aujourd'hui un sens particulier.

Décolonisation, théorie queer, matrimonialisation, muséologie sociale, déhiérarchisation, anthropocène impliquent en effet de nouveaux comportements de subversion et de transformation des rapports de classe, de genre, de race, comme de nouvelles modalités de nos rapports aux cultures et à l'environnement. La prise en compte massive et spectaculaire d'alternatives, d'altérations et de diversification des pratiques, des enjeux et des objets patrimoniaux, tant sur le plan des politiques culturelles que dans le champ de l'activisme revendicatif, ouvre des voies souvent nouvelles pour "faire patrimoine", pour "instituer la culture", pour "prendre soin".