Intervention de Henri PINOTEAU, responsable du pôle Agriculture aux Archives nationales

Cette seconde communication consacrée par Henri Pinoteau au mouton mérinos de Rambouillet s’intéresse aux archives de la bergerie nationale, et à la dimension patrimoniale de ce troupeau que l’on peut voir émerger au fil des siècles dans les documents disponibles. La conscience du rôle primordial de ce troupeau est perceptible dès la Révolution, il devient un objet de prestige lors de l’Exposition universelle, puis l’approche scientifique émerge via la mise en place d’un registre des naissances et l’établissement de fiches généalogiques pour chaque animal, enfin la patrimonialisation se manifeste par les documents des 150 ans puis du bicentenaire de la bergerie nationale.

L’association des élèves-conservateurs de l’Institut national du patrimoine organise sa première journée d’études : huit communications et une table ronde permettront de débattre sur la place de l’animal vivant dans les institutions patrimoniales aujourd’hui.

Si les animaux habitent l’imaginaire des hommes, ils peuplent également leurs musées, éco-musées et monuments historiques, tantôt considérés comme des créatures « nuisibles », tantôt valorisés comme objets de collection ou supports de création artistique. Tandis que les trophées de chasse, momies et autres spécimens naturalisés ont suscité des études variées, aussi bien du point de vue de la conservation préventive que de la muséologie ou de l’anthropologie, la présence d’animaux vivants dans le cadre de lieux patrimoniaux a souvent été approchée sous l’angle unique de la nuisance, et ce au détriment d'une analyse plus vaste de leur cohabitation avec les visiteurs et les professionnels du patrimoine.
Se posent alors de nombreuses questions pratiques, éthiques et philosophiques.
Quelle est la place de l’animal vivant dans ce contexte et son rôle dans l’évolution des politiques culturelles ? Comment les pratiques professionnelles de conservation et d’exposition intègrent-elles sa présence, voire en tirent profit ?
Ces questionnements invitent à envisager de nouvelles formes d’interactions avec l’animal. En dépassant le simple rapport d’éradication ou de valorisation touristique et génétique, il s’agira de s’intéresser à la relation quasi symbiotique qui lie l’homme à l’animal au sein d’espaces patrimoniaux perçus comme autant d’écosystèmes vivants.