Intervention de Julien BONDAZ, maître de conférences en anthropologie à l’Université Lyon 2

À partir de l’étude de A. Appadurai consacrée aux objets (The Social Life of Things : Commodities in Cultural Perspective), Julien Bondaz applique le principe de la biographie aux animaux de zoo d’Afrique de l’Ouest et propose une approche anthropologique. Animaux vivants et nés en captivité, leur interaction avec les populations humaines leur confère des valeurs différentes. Partant de l’animal sauvage, l’octroi d’un nom permet de leur créer une biographie, parfois calquée sur la vie d’une personne illustre, inspiratrice du nom donné à l’animal. L’autre aspect développé est celui de l’animal prenant une assertion rituelle, édictée par des croyances magico-religieuses.

L’association des élèves-conservateurs de l’Institut national du patrimoine organise sa première journée d’études : huit communications et une table ronde permettront de débattre sur la place de l’animal vivant dans les institutions patrimoniales aujourd’hui.

Si les animaux habitent l’imaginaire des hommes, ils peuplent également leurs musées, éco-musées et monuments historiques, tantôt considérés comme des créatures « nuisibles », tantôt valorisés comme objets de collection ou supports de création artistique. Tandis que les trophées de chasse, momies et autres spécimens naturalisés ont suscité des études variées, aussi bien du point de vue de la conservation préventive que de la muséologie ou de l’anthropologie, la présence d’animaux vivants dans le cadre de lieux patrimoniaux a souvent été approchée sous l’angle unique de la nuisance, et ce au détriment d'une analyse plus vaste de leur cohabitation avec les visiteurs et les professionnels du patrimoine.
Se posent alors de nombreuses questions pratiques, éthiques et philosophiques.
Quelle est la place de l’animal vivant dans ce contexte et son rôle dans l’évolution des politiques culturelles ? Comment les pratiques professionnelles de conservation et d’exposition intègrent-elles sa présence, voire en tirent profit ?
Ces questionnements invitent à envisager de nouvelles formes d’interactions avec l’animal. En dépassant le simple rapport d’éradication ou de valorisation touristique et génétique, il s’agira de s’intéresser à la relation quasi symbiotique qui lie l’homme à l’animal au sein d’espaces patrimoniaux perçus comme autant d’écosystèmes vivants.