Les conservateurs sont-ils des soigneurs ? Les artistes sont-ils des éleveurs ? Quelques hypothèses à propos des doublures d'insectes en contexte muséal

Intervention de Cyrille BRET, professeur d’histoire de l’art

Posant la question de l’insecte – ou espèce assimilée – en contexte muséal, Cyrille Bret contextualise leur présence dans la continuité des tentatives de dé-objectification de l’art des années 1960 et de l’émergence des pratiques performatives (events Fluxus, happenings et environnements). S’appuyant sur l’utilisation des larves de trichoptères par Hubert Duprat et des araignées par Tomás Saraceno, Cyrille Bret aborde les pratiques de conservation du vivant en contexte muséal, qui deviennent aussi des pratiques de production.

L’association des élèves-conservateurs de l’Institut national du patrimoine organise sa première journée d’études : huit communications et une table ronde permettront de débattre sur la place de l’animal vivant dans les institutions patrimoniales aujourd’hui.

Si les animaux habitent l’imaginaire des hommes, ils peuplent également leurs musées, éco-musées et monuments historiques, tantôt considérés comme des créatures « nuisibles », tantôt valorisés comme objets de collection ou supports de création artistique. Tandis que les trophées de chasse, momies et autres spécimens naturalisés ont suscité des études variées, aussi bien du point de vue de la conservation préventive que de la muséologie ou de l’anthropologie, la présence d’animaux vivants dans le cadre de lieux patrimoniaux a souvent été approchée sous l’angle unique de la nuisance, et ce au détriment d'une analyse plus vaste de leur cohabitation avec les visiteurs et les professionnels du patrimoine.
Se posent alors de nombreuses questions pratiques, éthiques et philosophiques.
Quelle est la place de l’animal vivant dans ce contexte et son rôle dans l’évolution des politiques culturelles ? Comment les pratiques professionnelles de conservation et d’exposition intègrent-elles sa présence, voire en tirent profit ?
Ces questionnements invitent à envisager de nouvelles formes d’interactions avec l’animal. En dépassant le simple rapport d’éradication ou de valorisation touristique et génétique, il s’agira de s’intéresser à la relation quasi symbiotique qui lie l’homme à l’animal au sein d’espaces patrimoniaux perçus comme autant d’écosystèmes vivants.