Conférence de Frédéric Quéguineur, chargé d’études documentaires principal, et Thierry Sarmant, conservateur en chef du Centre historique des archives, SHD

Durant la seconde moitié du 20e siècle, de nombreuses hypothèses furent formulées par les chefs militaires français pour le cas d’une invasion de l’Europe occidentale par l’URSS et ses alliés. Si cette menace disparaît après 1989 et la chute du bloc soviétique, des archives conservées au Service historique de la Défense témoignent des différents scénarios échafaudés au cours des années 1950 et 1960. Ces documents présentent un intérêt évident pour l’histoire des conceptions stratégiques, pour celles des mentalités et des processus intellectuels à l’œuvre dans la classe dirigeante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans cette réflexion stratégique, la grande bataille devait avoir pour théâtre l’Allemagne fédérale et le centre de l’Europe. Mais pour beaucoup, cette bataille serait perdue d’avance et la seconde phase des opérations aurait alors eu toutes les chances de se dérouler sur le sol français, voire de se transformer en une très rapide déroute et de s’achever par l’occupation totale du territoire national. Pour empêcher la défaite, la ralentir ou y échapper, plusieurs solutions de repli se présentaient : l’outre-mer et l’arme nucléaire furent les deux principales.