institut national du patrimoine

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Retransmission audio des conférences de l'Institut national du patrimoine

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Italie : le patrimoine au pluriel. Paysages culturels, identités, appartenances

Intervention d'Irene Baldriga, chercheuse à la faculté des Lettres et de philosophie à la Sapienza de Rome.

L'un des traits qui caractérise le plus le patrimoine italien est sa présence généralisée sur le territoire, son association profonde avec la nature des lieux, avec les milieux de vie, avec les phénomènes de transformation des espaces sociaux et productifs. On pourrait parler d'une qualité dynamique et en même temps intime, caractérisant le patrimoine italien : il s'agit d'un trésor vivant, au fond peu muséalisé, et pour cette raison, fortement perçu comme une dimension inextricablement liée au tissu de la quotidienneté.

La spécificité du patrimoine italien, au-delà de sa richesse et de sa variété incontestables, de sa pertinence historico-culturelle, est donc celle de sa relation au présent : une dimension qui alimente le sentiment d'appartenance, la mémoire collective et l'imaginaire des citoyens (l'expression de Roberto Longhi est célèbre lorsqu'il définit le patrimoine artistique comme "la langue des Italiens"), mais qui paradoxalement contribue souvent à compromettre l’intégrité matérielle des monuments et des œuvres d’art, limitant leurs conditions de conservation. La convergence de cultures et d'influences qui, à travers les siècles, a déterminé le caractère "pluriel" de ce patrimoine constitue en même temps une constante invitation à réfléchir à sa dimension complexe pouvant être à la fois une ressource et un élan pour le développement des communautés.

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Politiques culturelles, patrimoines locaux et approches collaboratives dans l'Est insulindien

Interventions de Dominique Guillaud, directrice de recherche au PALOC - (Patrimoines locaux, environnement & globalisation / IRD, MNHN) – « Émergences, appropriations et usages des patrimoines », et Dana Rappoport, anthropologue au CASE - Centre Asie du Sud Est

Politiques culturelles, patrimoines locaux et approches collaboratives dans l'est insulindien
POPEI-coll vise à renforcer le dialogue entre politiques culturelles, science et patrimoines locaux. Les recherches collaboratives menées en Indonésie orientale et au Timor Est cherchent à analyser les arènes des politiques culturelles, et à mettre en regard les représentations locales et scientifiques des patrimoines locaux. Elles s'emploient à identifier divers dispositifs de valorisation collaborative, de sensibilisation à la question des patrimoines locaux, de transfert de savoir-faire.

Pour une identification et une reconnaissance institutionnelle des patrimoines locaux de l'est de l'Insulinde (Atauro, Timor Est et Tanjung Bunga, Flores, Indonésie)
Le projet s’intéresse à deux sociétés de l'Est de l'Insulinde (Atauro, Timor-Est ; et Tanjung Bunga, Flores en Indonésie), où s’expriment des politiques culturelles différentes, mais qui dans les deux cas ne parviennent pas à refléter les visions patrimoniales des populations. L’objectif principal est d’analyser par une approche interdisciplinaire la pertinence locale de la notion de patrimoine afin d'explorer, sur un mode collaboratif avec les populations locales, des solutions originales pour leur promotion et leur transmission, en coopération avec les administrations régionales. Cet objectif se décline à travers 3 WP:
WP1/ conduire l’analyse et la catégorisation des objets et des pratiques des politiques culturelles nationales et régionales (les arènes des politiques culturelles) ;
WP2/ organiser la documentation à l’échelle villageoise et dans différents domaines (oralité, chant, territorialité, mais aussi biodiversité) des catégories locales de patrimoines, et documenter leurs modes de gestion et d'appropriation ;
WP3/ assurer la reconnaissance et la durabilité de ces patrimoines locaux via des ateliers réunissant populations et responsables du champ patrimonial, des restitutions aux communautés villageoises et des opérations de valorisation locales, nationales et internationales (promotion locale, expositions, conférences).
Le projet comporte aussi une dimension réflexive sur la notion de patrimoine envisagé dans la perspective des communautés et des institutions, et des formations visant à promouvoir la logique collaborative du projet auprès des étudiants et partenaires locaux (WP0).

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Le droit de participer à la vie culturelle et les lieux culturels du commun

Titre complet : Le droit de participer à la vie culturelle et les lieux culturels du commun : égalité et non-discrimination, protection des identités culturelles et expérimentations démocratiques

Intervention de Céline Romainville, professeure de droit constitutionnel (Université catholique de Louvain)

Les lieux culturels du commun
Les récents débats autour des demandes de restitution ainsi que l’émergence de multiples musées communautaires ces dernières années interrogent la vocation universaliste que les réflexions post-révolutionnaires ont inscrite au cœur de l’identité du musée. Confronté au repli croissant de la conservation du patrimoine vers les seules communautés qui l’ont généré, le musée devient le lieu privilégié de la confrontation entre universalité et commun(s). Considérant qu’aucun lieu ne peut être seul le théâtre de l’histoire universelle, le philosophe Souleymane Bachir Diagne constate qu’il n’y a aucun musée universel sur le sol africain et invite par conséquent à rompre avec l’ “européocentrisme” qui leur serait inhérent. Au-delà du seul musée, les communs interrogent plus largement les pratiques culturelles en favorisant l’émergence de tiers lieux. Investis de manière spontanée par des collectifs en dehors de tout contrôle étatique ou de toute structure associative, ils connaissent un succès croissant et ouvrent de nouvelles perspectives à la mise en commun des lieux de culture.

Enregistré le 30 mars 2022

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Conclusion de la journée

Les élèves conservatrices et conservateurs de l’Institut national du patrimoine (INP) et de l’Institut national des études territoriales (Inet) ont choisi d’explorer les rapports entre sensorialité et patrimoines à l’occasion d’une journée d’étude organisée le 4 avril 2022 dans l’auditorium du musée de la Musique.

Le colloque montrera comment l’attention portée aux différents sens renouvelle l’étude et l’appréhension des sites, des monuments, des musées et des archives. L’évolution des interdits associés aux lieux et objets patrimoniaux (« Ne pas toucher », « Ne pas s’asseoir », « Ne pas manger »…) ont, depuis le XIXe siècle, largement contribué à cantonner la compréhension du patrimoine au seul sens de la vue. De nombreuses initiatives dans les domaines de la recherche, de la restitution aux visiteurs ou de la création contemporaine remettent aujourd’hui en cause ce primat d’une approche visuelle et cognitive.

Du point de vue scientifique, l’affirmation d’une histoire des sensibilités comme champ à part entière des études historiques interroge la conservation et la présentation au public d’une histoire de l’ouïe, du toucher, de l’odorat ou du goût. Parallèlement, les sens inspirent de nouvelles initiatives à destination des publics pour présenter le patrimoine sous l’angle de l’expérience. Il s’agira donc d’explorer les sens en tant qu’objets patrimoniaux et modalités d’accès à ceux-ci.